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jeudi 27 février 2014

Quatrième tableau


Voici le dernier tableau de la série "Coquecigrue, coccinelle". Il est intitulé "Labyrinthe Génorex". La Génorex est une entreprise fictive, un laboratoire d'expérimentation. Je viens de recommencer la publication de l'image en grand et Picasa a l'air de mieux fonctionner.



Bon weekend à tous ceux qui visitent cette page !



dimanche 5 mai 2013

Izis : clin d'oeil à Gine

Sur son blog "Djinns et jeans", Gine nous propose une très douce image de hêtres au printemps. 
Cette photo d'arbres m'en a rappelé d'autres, celles prises par Izis - Izraëlis Bidermanas - , arrivé à Paris en janvier 1930, réfugié à Ambazac en Limousin pendant la seconde guerre mondiale et ami de Jacques Prévert et de Colette.



Izis a dédié à Paris trois livres : "Paris des rêves", "Grand bal du printemps" et "Paris des poètes".
Il a aussi photographié Londres, les héros de la Libération, les artistes du cirque, des rêves de Terre Promise en Israël, et tant de personnes célèbres ou inconnues mais encore vivantes à travers le regard de tendresse qu'il a porté sur elles.

En voici une de Prévert :
Une autre, intitulée "L'homme aux bulles de savon", prise à Londres en 1952:
Un couple romantique sur une péniche arrimée à un quai de la Seine :

Enfin, voici quelques vers de Jacques Prévert en hommage à son ami Izis :

Pour Izis

Sur une palissade
dans un pauvre quartier
des affiches mal collées
Grand bal du printemps
illuminent
l'ombre d'un arbre décharné
et celle d'un réverbère pas encore allumé

Devant ces petites annonces de la vie
un passant s'est arrêté
émerveillé

C'est un colporteur d'images
et même sans le savoir
un musicien ambulant
qui joue à sa manière
surtout en hiver
le Sacre du Printemps
Et c'est toujours le même air
intense et bouleversant
pour tempérer l'espace
pour espacer le présent
Toujours le portrait des choses et des êtres
qui l'ont touché

Ces choses et ces êtres
ont été touchés aussi
Et malgré sa misère
ce petit monde
avec toute sa lumière
s'est fait une beauté pour lui.

samedi 21 janvier 2012

En écho à Danielle de VenetiaMicio


Vous découvrirez, sur le blog de Danielle (clic), un très beau texte qu'une de ses amies vénitiennes a écrit au sujet de cette sculpture de Carlo Scarpa.

mercredi 21 décembre 2011

Hommage

Paul a pris sa retraite.
Paul a été, durant plusieurs années, un de mes professeurs d'arts visuels à Angoulême. Il enseignait des notions de couleur et de perspective. Le mercredi matin, j'arrivais à son cours encombrée de mon grand carton à dessin, mes crayons, mes pinceaux, mes pots de peinture, des chiffons, bref, tout le matériel nécessaire au bonheur de dessiner et de peindre.
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Paul professait l'exigence à chaque étape d'un travail et jusque dans les moindres détails : il fallait chercher la nuance la plus juste et l'exactitude du geste, par exemple. En même temps, il était possible d'oser des pratiques plastiques inspirées de la liberté de Dada. Dans notre démarche d'élèves, l'attention la plus grande aux manifestations sensibles de la lumière devait nous amener à la recherche constante de la qualité de la couleur, non seulement dans notre peinture, mais aussi et surtout à l'intérieur de nous-mêmes. C'est grâce à Paul que j'ai découvert Morandi et Rothko.
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L'ambiance des cours de Paul était paisible, concentrée, orientée vers la délicatesse d'âme. Paul prenait le temps de discuter avec chacune d'entre nous : d'art, bien sûr, mais il échangeait aussi, avec beaucoup de bienveillance et de douceur, des paroles plus personnelles. C'est ainsi que nous avions parlé de Venise, Bologne, Procida, des villas palladiennes le long de la Brenta, de Venise et encore de Venise. Paul possédait un bateau, quelque part en Bretagne, et il naviguait vers de belles destinations chaque fois qu'il en avait l'occasion.
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Il nous donnait peu d'indications, malgré nos questions, mais il délivrait juste les informations indispensables au moment où il le fallait et nous invitait à découvrir le reste de par notre propre initiative. Cette forme d'accompagnement, cette discrétion volontaire, constituaient la meilleure méthode d'enseignement : celle qui n'abîme rien, qui fonde des repères solides et durables, qui ouvre l'esprit et donne le goût d'un inconfort favorable aux nouvelles expériences. Je n'ai rien oublié de ce que j'ai appris au cours de Paul et je lui suis infiniment reconnaissante de sa patience, sa gentillesse, sa générosité intellectuelle.
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A son cours, nous apportions parfois des objets que nous aimions : des coquillages, des tissus, des reproductions de nos artistes préférés. Il agissait de même, complétait nos collections destinées à la discussion et à l'étude en nous instruisant d'histoire de l'art vivante, c'est-à-dire en nous proposant de réfléchir sur les rapports entre l'art et la vie des hommes dans leur histoire, passée et contemporaine.
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Paul nous montrait aussi que les choses paraissant modestes sont souvent riches d'intérêt. Qui mieux que lui aurait pu nous faire comprendre la subtilité des blancs nacrés de l'intérieur d'une coquille d'huître, les merveilleuses irisations de la peau d'une sardine, les transparences et les brillances de bocaux et de vases en verre ou en métal que Vermeer aurait appréciées ?
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A différentes périodes de l'année, Paul nous apportait des fleurs. La saison venue, nous disposions d'un pot de cyclamen pour trois ou quatre élèves. Leur vigueur, leur droiture élancée vers la lumière, la fragile et forte ordonnance de leurs pétales à l'admirable torsion géométrique, compensaient leur apparente modestie. Un beau symbole d'élégance, de sensibilité et de réflexion, à l'image de Paul. C'est pourquoi, afin de lui rendre un hommage sincère, j'ai choisi de peindre un cyclamen que je vous présente aujourd'hui.
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acrylique sur toile, 50x65cm
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Je souhaite à Paul une heureuse retraite, propice à l'art, à la création, aux voyages.
Peut-on imaginer qu'il a toujours refusé de montrer son travail d'artiste ? Ce fut pourtant le cas. Non seulement il n'exposait pas, mais jamais nous n'avons réussi à voir ne serait-ce qu'une photo d'une de ses oeuvres. Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé de savoir, en nous y prenant de l'allusion la plus légère à la demande la plus directe.
La mer et la Bretagne ont des mystères qu'elles ne délivrent pas, mais les regrets liés à l'ignorance d'un secret n'entretiennent-ils pas l'imaginaire ?
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samedi 4 juin 2011

Plus que deux jours...

...pour voir une intéressante présentation d'oeuvres au musée départemental d'art contemporain de Rochechouart qui fête cette année ses vingt-cinq ans. Les thèmes fondateurs des collections sont le paysage, l'imaginaire, l'histoire. Le fonds Raoul Hausmann, remarquable, est à visiter également.
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Voici un lien pour accéder au site du musée :
Voici maintenant l'oeuvre intitulée "Dada" de Raoul Hausmann :
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dimanche 6 février 2011

Encore un livre...

...que je dédie à Astheval et à tous ceux qui aiment les animaux et l'art.
Cet ouvrage est resté longtemps épuisé mais, heureusement, il vient d'être édité à nouveau.

mercredi 9 juin 2010

Limoges : plus que trois jours...

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...pour découvrir l'exposition "Ni vu, ni connu" au FRAC, impasse des Charentes. Dans les magnifiques caves voûtées de cet espace issu d'anciens chais puis des entrepôts des épiceries "Les Coopérateurs", l'artiste Richard Fauguet présente ses oeuvres sur le mode de la poésie, du jeu de mots et de la dérision dissimulant parfois une réflexion plus mélancolique. Voyez plutôt ces personnages improbables...
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Femme à poils (longs) 2007, tapisserie retournée
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Sans titre, 2009, extrait d'une installation de 9 céramiques
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... cette partie de ping-pong décomposant le mouvement de la balle et les raquettes percées qui jouent avec les apparences...
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Sans titre (la partie de ping-pong), 2000, bois, métal, balles de ping-pong
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Ming-mong, 2004, bois et pâte à modeler
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...ces motos impossibles à conduire et ce dessin, raccourci d'histoire, où se mêlent la société urbaine, l'être humain et les dinosaures...
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Choppers, 2009, rotin
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Sans titre, 1999, graphite sur papier
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... ce jeu avec le feu qui montre, d'une part, une chaise géante consituée d'un assemblage de tuyaux de cheminée et, d'autre part, un hommage nostalgique au cinéma...
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Sans titre, 2003
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Drap brûlé, 1994-1998
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...et, pour finir, cet oiseau léger qui ne peut s'envoler, surmontant un autel de verre :
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Sans titre, Karafator, 1993
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J'ai choisi pour vous ces extraits de l'exposition, mais il en reste de nombreux à découvrir. Bonne visite !
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dimanche 7 mars 2010

De l'art contemporain au château de Rochechouart

Le musée d’art contemporain du château de Rochechouart en Limousin présente jusqu’au 15 juin 2010 une exposition d’œuvres de Gustav Metzger intitulée « Décennies 1959-2009 ».

Né à Nuremberg en 1926, Gustav Metzger dut fuir les persécutions du régime nazi en 1939 et sa famille fut déportée. Il vit aujourd’hui à Londres. Son enfance détruite marque son œuvre, même lorsqu’il travaille à partir d’événements actuels. Il organise l’ensemble de cette œuvre autour de trois axes majeurs : la création plastique, les recherches historiques et la réflexion théorique.

Au premier étage du château, on peut découvrir « Kill that car », une installation constituée d’une voiture cabossée, de débris de verre et de plastique, d’une photo rappelant une manifestation londonienne, d’affiches publicitaires vantant une prime à la casse, de la voix d’un enfant qui reprend par intermittences le titre de l’œuvre.

Dès les années 50, Gustav Metzger s’interroge sur la signification du rôle de l’artiste. En 1959, il écrit un manifeste dans lequel il préconise la création d’un art « autodestructif » (les œuvres ne devraient pas durer plus de vingt ans), public donc partagé, pour « les sociétés industrielles avancées ». Il joue sur le rapport de la dénonciation de la société qui crée les objets industriels et les détruit ensuite ; il lie des préoccupations environnementales avec l’histoire de l’art et les vanités.

Ainsi, dans « Kill that car », la voiture a été soumise à une destruction partielle violente, mais le fait de réagir contre l’encombrement des rues (« claim the streets », sujet de la manifestation anglaise) semble plutôt positif. Quant à la voiture, un glissement de la pensée permet de l’assimiler à la position de l’être humain dans une société où l’on donne parfois de l’argent pour jeter les objets.

Gustav Metzger, en 1970, a créé « Mobile », œuvre consécutive à une performance qui interpelle le spectateur selon différents niveaux de lecture. Une plante est enfermée dans un cube de verre percé d’un trou auquel est relié un tuyau par lequel on envoie les gaz d’échappement d’une voiture. La plante reste ensuite exposée dans le cube dont les parois portent les traces de la condensation des gaz.



Au deuxième étage, à l’intérieur de la tour, se trouve l’œuvre « Failing trees », qui présente des arbres renversés et pris dans un énorme bloc de ciment. L’artiste pose les questions du déracinement, du développement urbain, de l’urgence écologique et, sur un plan plastique, de la sculpture, du collage, de l’inversion.




Dans une autre salle, une pile de journaux est posée sur le coin d’un bureau. Des articles découpés sont fixés à un panneau d’affichage ; ils concernent trois sujets : la crise financière, l’extinction de l’espèce et la façon dont nous vivons. Les visiteurs peuvent s’asseoir au bureau, découper les articles qu’ils ont sélectionnés et les accrocher. Dans cette œuvre, Gustav Metzger met en avant le côté participatif, interactif, de l’art : le public peut effectuer ses propres recherches et il est amené à réagir au lieu de rester un spectateur passif. Cette œuvre a trait à la mémoire, l’archive, la consommation des images et aussi à l’histoire personnelle.

En 1961, Gustav Metzger écrit un nouveau manifeste en faveur d’un art « auto-créatif » dans lequel se répondent des mécanismes de fascination et de répulsion. Ainsi, par exemple, on peut dire que la science constitue un progrès, mais aussitôt il est nécessaire de se demander si c’est la seule voie possible. Dans cette perspective, le rôle de l’artiste reste à définir.



Dans une salle obscure, des projecteurs diffusent des images aux tons doux provenant de diapositives doubles dans lesquelles ont été insérés des cristaux liquides agissant sur les couleurs en les détruisant partiellement sous l’action de la chaleur. L’effet est psychédélique, très agréable à regarder. Cette recherche avait abouti à une application dans des spectacles de variétés des années 70.
Plus loin, des cartons de récupération sont assemblés en un volume intitulé « Been there, done that KS 2 ». Il s’agit d’un hommage à Kurt Schwitters. Ici, Gustav Metzger pose la question de l’avenir de l’art par rapport à l’essor de la société industrielle. L’art doit-il s’approprier cette dernière ou lutter contre elle ?

De 1977 à 1980, Gustav Metzger a instauré une « grève de l’art » afin d’amener les artistes à réfléchir sur leurs liens avec le marché de l’art.



L’œuvre que j’ai préférée est un film en noir et blanc de 1965 où l’on voit Gustav Metzger en train de brûler à l’acide une toile de nylon tendue devant le paysage. Ce dernier se découvre peu à peu dans les interstices créés par les brûlures. Des séquences enregistrées en gros plan montrent la détérioration progressive du tissu qui dégage des structures abstraites d’une grande beauté, pas entièrement maîtrisées par l’artiste. L’œuvre se situe à mi-chemin entre la destruction et la création ou plutôt Gustav Metzger utilise le processus de destruction pour créer. Seul le film reste, témoin de ce passage éphémère et infiniment émouvant.



Enfin, dans le grenier du château, des sortes de « photos impossibles » interrogent les visiteurs sur la modification du rapport de l’homme à la nature devenue « environnement », la mémoire et le présent, la force émotionnelle de l’événement. Gustav Metzger constate notre indifférence aux tragédies du monde dont nous consommons quotidiennement les images. Il présente des photos grand format de certains événements mais, pour les voir, le spectateur doit agir en rampant sous un tissu, par exemple. A d’autres photos, plus accessibles, Gustav Metzger a associé des éléments du réel (pierres, pneus …). Il s’agit de rendre à la photo une dimension concrète, une épaisseur, une force d’émotion par le biais de l’imaginaire, de la réflexion et du travail de la mémoire.

lundi 28 décembre 2009

A propos d'art contemporain

J’avais promis, il y a quelque temps déjà, un article concernant mes impressions sur l’art contemporain. J’ai du mal à structurer ces impressions, peut-être parce que ce qui appartient au domaine du sensible s’organise difficilement, sûrement parce que je suis peu douée pour une pensée rationnelle. Je demande donc à mes lecteurs toute leur indulgence.

En premier lieu, je souhaiterais dire qu’à mon avis, personne ne peut savoir avec exactitude ce qui se passe dans le cœur et l’esprit d’un artiste, ce qui n’empêche pas d’essayer de s’en approcher. Si l’artiste s’exprime dans ses œuvres et choisit un moyen autre que le discours qu’il est nécessaire de respecter, des critiques d’art proposent des accès aux œuvres non négligeables, surtout lorsqu’il s’agit d’entretiens avec l’artiste ou que le critique est lui-même un artiste. Leurs ouvrages permettent au « regardeur » de ne pas se confronter qu’à ses propres expériences et références, bien que l’artiste préfère parfois laisser ce champ de communication ouvert ou en l’état. On peut aussi observer que des historiens d’art, certainement dans un souci de lisibilité et de cohérence, ont recherché comment classer les mouvements artistiques successifs. Si l’effort est pédagogique et peut s’avérer utile, reste-t-il entièrement pertinent si l’on considère les personnalités impossibles à ranger dans une quelconque catégorie, surtout lorsque les artistes sont les initiateurs d’un bouleversement dont les prolongements perdurent sur plusieurs générations ? En même temps, il faut des repères pour pouvoir les nier.

Il me paraît essentiel de signaler l’importance de voir les œuvres dans leur « réalité » et non en reproduction. J’ai la conviction qu’on ne peut donner ses impressions, même vagues et incomplètes, qu’à partir de l’authenticité d’une vision directe.

Qu’ai-je apprécié dans les œuvres contemporaines que j’ai eu la chance de voir, plus souvent à Venise mais aussi à Rome, à Naples ou en France ? Pourquoi ne pas commencer par la dérision ? L’humour, s’il peut être décapant, proche de la tragédie, est souvent présent dans la création contemporaine, qu’il fonctionne sur des jeux de mots, des détournements de sens, l’utilisation d’objets du quotidien placés dans un contexte inhabituel parfois à la limite de l’absurde, des associations d’idées ou encore différents registres plus ou moins appuyés de provocation.

Prenons l’exemple du cheval empaillé de Maurizio Cattelan exposé à la Punta della Dogana à Venise. Cette sorte de Pégase sans ailes qui « va droit dans le mur » et en « perd la tête » surprend dans un premier temps. La surprise fait place immédiatement à l’interrogation. L’émotion liée à la présence physique de l’animal perturbe notre sens du réel habituellement diminué dans la vie aseptisée, édulcorée, calquée sur le virtuel que nous menons d’habitude. Nous plongeons directement, sans avertissement, sans initiation, dans la force plutôt brutale que dégage la matérialité d’un corps animal qui nous ramène à l’humain et à ses doutes.

Tout semble lié : l’humour et le drame, l’émotion et l’intellect, la référence à l’histoire de l’art et les nouveautés du présent, le flux du temps et la tentation de l’inaccessible, Eros et Thanatos, le mélange des genres, le foisonnement de la création et la rigueur des contraintes choisies. Comment dissocier l’indissociable, être témoin à la fois objectif et subjectif, montrer ce qui se passe sans prétendre que tout se vaut ?

Certaines œuvres m’ont enthousiasmée. Je cite – sans souci de chronologie, veuillez m’en excuser – la série de tableaux de Cy Twombly en référence à « Hamlet », « Fucking hell » de Jake et Dinos Chapman, « Play the glass » de Matsuda Hironi, « We are family » de Patricia Piccinini, « Against order ? Against disorder ? » de Michal Rovner, « Community » de Federico Lombardo, « 10000 lines » de Sol Lewitt, les oeuvres sans titre de Dan Flavin, « Dread » de Joshua Mosley, les photos de Nan Goldin, les peintures de Marlène Dumas, celles de Lucian Freud, les installations parfois évolutives de Giuseppe Penone. J’en oublie et j’en suis navrée. Pour d’autres, il me reste en mémoire l’œuvre, mais je ne peux me rappeler le nom de l’artiste. Ainsi je revois avec netteté cette « Marie-Madeleine » en cire livide, enlaçant devant son visage dissimulé et son corps dénudé d’immenses et vrais cheveux auburn, sculpture évoquant le cadavre et le fétiche, bouleversante, qui résumait tous les symboles attachés à sa représentation.

Les moyens utilisés sont multiples, de la technologie numérique à la peinture, du silicone au stylo feutre, du bronze à la vidéo, des matières organiques aux jouets, etc… Tous ont quelque chose à dire qui ne s’oppose pas tant que l’on voudrait parfois nous le faire croire mais se complète pour nous toucher plus sûrement.

Je vous remercie d’avoir eu la patience de lire cet article long et maladroit. Si la description détaillée des œuvres que j’ai citées car je les ai vues et aimées vous intéresse, je pourrai en parler dans d’autres articles.

mercredi 9 décembre 2009

Plus que quelques jours...

... avant la fin de l'exposition des oeuvres de Tobias Rehberger au musée d'art contemporain du château de Rochechouart (clôture le 14 décembre 2009).













Avec des moyens très simples, l'artiste nous propose dans le grenier du château ses sculptures lumineuses qui ne renient pas la référence au design mais évoquent aussi les étoiles, les constellations et font rêver.

D'autres artistes sont aussi à l'honneur dans l'exposition "Lunière" installée au deuxième étage.

"Mais vous demandez ce qu'est la lunière ? C'est le crépuscule du côté de la Lune inconnu des Terriens. Là où seulement les chats ou les lunatiques voient..."

Raoul Hausmann, "L'Ange du Ciel", 1967

dimanche 27 septembre 2009

Pour AnnaLivia : un extrait de la Biennale de Venise




Vous me permettrez de ne pas être d'accord avec vous au sujet de cette oeuvre bouleversante exposée dans les Giardini : il fallait d'abord visiter le pavillon qui mettait en scène le décor familier d'un écrivain dans les années 70. On se trouvait d'un seul coup immergé dans son univers intime, comme s'il venait de quitter son appartement. Le spectateur se trouvait dans une position inconfortable de voyeur, mais n'est-ce pas ce qui se passe dans une fiction au cinéma (les références à ce média étaient manifestes)? La piscine, mais je me trompe peut-être, renvoyait à certaines oeuvres de David Hockney, un artiste anglo-américain que j'aime beaucoup. Enfin le personnage en silicone, extrêmement réaliste, suscitait une immense compassion envers le désespoir et faisait réfléchir à tout ce qui peut précéder une tragédie dans la vie de quelqu'un.
Beaucoup de personnes autour de moi semblaient choquées par cette oeuvre qui dégageait une intense émotion. L'artiste voulait évidemment que les gens réagissent. Un des aspects de l'art consiste à susciter en nous des émotions afin de nous rendre plus humains et attentifs les uns envers les autres.

lundi 14 septembre 2009

Ce que Corto Maltese peut voir à Angoulême (2)

Depuis les rives de la Charente à Angoulême, Corto peut voir différents musées.



Tout d’abord, à sa gauche, s’élève le bâtiment de la CIBDI (cité internationale de la bande dessinée et de l’image), inauguré en 1990. Il est l’œuvre de l’architecte Roland Castro et comprend un musée contenant des collections de planches originales, une médiathèque et un espace cinématographique d’art et essai. De septembre à décembre 2009, il est ouvert gratuitement aux visiteurs chaque dimanche après-midi. Le LIN (laboratoire d’imagerie numérique) en dépend ; il prépare à un diplôme européen d’art et de multimédia.
Sur sa droite, de l’autre côté du pont, Corto aperçoit d’anciens chais rénovés qui constituent l’annexe de l’édifice principal.


En face de lui, un peu plus bas, le musée du papier propose des expositions permanentes ou temporaires. Lorsque j’habitais en Charente, l’artothèque d’Angoulême se trouvait au premier étage. La jeune et sympathique épouse de Jean-Michel, un de mes professeurs d’arts plastiques, l’administrait. Mais depuis dix ans, les choses ont peut-être changé. Des stages avaient lieu de temps en temps, lorsque des artistes étaient invités en résidence à Angoulême. Je me souviens de l’Australien Graham Cantieni qui disait avec raison et une douce fermeté : « On ne retouche pas la nature. »

Juste à côté du musée du papier se trouvent des salles qui, à cette époque, recevaient des élèves en ateliers d’arts plastiques, notamment en cours de sculpture. Qui les occupe aujourd’hui ? Je ne saurais le dire et je crois que je ne souhaite pas l’apprendre. Mes souvenirs sont encore trop présents. Sylvie, au caractère vif et spontané, franche et indépendante, jolie petite brune souvent coiffée de deux tresses qui lui donnaient un air d’adolescente, avait posé pour la création de cette femme en terre grandeur nature qui gît à présent sur le sol, offerte aux intempéries et à l’oubli. Je n’avais pas participé à sa réalisation car il s’agissait d’un travail collectif et cette idée même m’était insupportable. Position difficile dans notre époque où l’individualisme est vilipendé et où la notion de travail d’équipe règne de manière absolue – et peut-être parfois hypocrite, oserons-nous l’avouer un jour ? – dans toute sphère d’activité. Mais qu’importe ! « Les solitaires sont solidaires », affirmait Michel Giroud à Limoges, lors d’une conférence qu’il donnait à l’ENSA, signifiant par là que certaines personnalités se comprenaient mutuellement et s’avéraient capables de respecter la solitude indispensable à leur vie intérieure.






Le groupe de modelage s’était affairé aussi joyeusement que bruyamment et avait réussi un travail fort convenable, proche de la réalité de la pose. C’était, en toute modestie, l’objectif recherché : une restitution fidèle. Le choix de l’honnêteté n’a pas besoin de justification ; il se suffit à lui-même. Je respecte la décision des autres dans leur neutralité au service du parti pris de l’exactitude. En revanche, je préfère aller plus loin dans l’expression au risque de tout perdre, de tout gâcher, de me tromper.

Mais revenons à Corto. S’il se retourne, il aperçoit une écluse.





Il en existe d’autres tout au long du fleuve. A la belle saison, naguère, une péniche transportait son lot de touristes jusqu’à Cognac, terre de naissance de l’aimable François 1er, poète à ses heures et grand admirateur de l’Italie où tout nous ramène sans cesse pour notre plus grand bonheur.