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mercredi 25 novembre 2009

Charles Baudelaire et les chats

LES CHATS

Les amoureux fervents et les savants austères
Aiment également, dans leur mûre saison,
Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

Amis de la science et de la volupté,
Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres;
L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.

Ils prennent en songeant les nobles attitudes
Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;

Leurs reins féconds sont pleins d'étincelles magiques,
Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin,
Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

Charles Baudelaire (1821-1867)

16 commentaires:

D'Art en Arts a dit…

Dis, Anne, il me connaissait, ce Monsieur Baudelaire ?
Il n'a pu écrire ce beau poème que pour moi, pourtant !
Mystère.
Bisous de Dame Kali

Jean a dit…

J'ai toujours adoré Baudelaire .
Mais c'est surtout pendant mes années d'internat au lycée que ce fut une passion .
Je m'identifiais complètement à lui .

J'adorais particulièrement le poème "Recueillement " .

Non seulement je le connaissais par coeur , mais j'avais lu avec avidité tout ce qui concernait son histoire , son écriture .

Le jour de l'épreuve écrite de français au baccalauréat ....j' eus la grande joie de découvrir que c'était le poème à commenter !

Jeanne Sélène a dit…

Baudelaire et les chats ! Quel bonheur ! Je me souviens avoir adoré celui-ci au lycée :

Le chat - Les Fleurs du mal (XXXIII)

Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d'agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum,
Nagent autour de son corps brun.

Charles Baudelaire

Anne a dit…

Merci Astheval. J'aime aussi beaucoup le poème que vous citez.

Vous avez eu de la chance, Jean. Baudelaire vous inspire encore sûrement dans certaines de vos photos.

Bonjour, Kali! Les poètes sembleraient en effet posséder une imagination dépassant les limites habituelles du temps. J'ai appris que tu avais été très courageuse dernièrement et que Charlie s'était rangé à tes côtés. Ne sois pas si modeste et raconte-nous vite, s'il te plaît, ce qui s'est passé.

Bonne journée à tous.
Anne

VenetiaMicio a dit…

J'ai beaucoup aimé les deux textes de Beaudelaire que vous venez de nous faire partager. Merci Anne et Astheval.

AnnaLivia a dit…

Merci Anne de nous rappeler ce superbe poème de Baudelaire (mon poète préféré!)!
Bonne fin de journée,
AnnaLivia

Michelaise a dit…

Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires...
J'aime trop ! c'est d'une efficacité PARFAITE !!
Merci Astheval pour l'autre poème qui vient, fort à propos, sous-tendre le sonnet que nous offre Anne... à toutes les deux, une bonne soirée !

Totirakapon a dit…

"Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,"
(Recueillement)...
il paraît que des fenêtres de l'appartement que Baudelaire occupait, il voyait le soleil se coucher sous les arches d'un des ponts de Paris...d'où ce vers splendide....

Evelyne a dit…

Hier j'ai pris un thé indien, au centre de yoga Tapovan...j'ai aussi acheté un livre de La Mère (Auroville)...et ce matin une phrase :"Le petit singe s'agrippe à sa mère pour qu'elle le transporte, et il doit s'accrocher bien fort, car s'il desserrait son étreinte il tomberait. A l'encontre du singe le bébé chat ne se tient pas à sa mère, mais est tenu par elle ; il n'a ni crainte ni responsabilité ; il n'a rien d'autre à faire qu'à se laisser porter en criant : mâ,mâ...." à méditer ! Bonne nuit et merci Anne pour vos beaux commentaires.

Anne a dit…

Merci, Evelyne. Comme vous le suggérez, la nature offre de nombreux exemples à méditer. Je suis heureuse pour vous de ces moments de sérénité que peuvent vous apporter les cours de yoga et la dégustation d'un thé raffiné.

Merci aussi à Totirakapon pour ce vers de Baudelaire et l'anecdote qui l'accompagne. La réalité est une grande source d'inspiration. Encore faut-il être poète.

Michelaise, je me joins à vous pour remercier encore Astheval.

Bonne soirée à tous.
Anne

colibri a dit…

Voilà bien longtemps que je n'avais relu en entier ces magnifiques vers, dont je venais justement de parler sur un autre blog (Enitram) en écho à une image ! Baudelaire a dû être chat dans une vie intérieure pour décrire si bien nos rapports avec eux, tout y est, des amoureux fervents, en passant par la volupté, après s'être arrêté au fond des solitudes, pour s'enfermer enfin dans les rêves sans fin !!! Pas étonnant que je ne puisse me passer de ces boules de poils... que mes doigts aiment à carresser à loisir ! Euh, c'est des redites, tout ça !!! Comme Jean, je suis une passionnée de Baudelaire, j'ai toujours en mémoire presque tous les débuts de ces poèmes que je cite toujours à l'occasion... Merci Anne et Astheval !
PS : inconscient, le titre de l'URL de beaucoup de mes blogs ???

Anne a dit…

Merci de votre passage sur mon blog, Colibri, et bonne soirée.
Anne

tea time and roses a dit…

Hello Dear Anne,

Thank you so much for the lovely Thanksgiving wish. You are an angel my friend, so thoughtful and kind. May you enjoy a beautiful day and coming weekend.

Smiles...

Beverly

Anne a dit…

Thank you dear Beverly, and have a very nice weekend too.
Anne

Odile a dit…

Merci Anne et Astheval pour ces lignes, on ne s'en lasse pas... Aux Cerisiers, j'avais cité celui-ci :

De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu’un soir
J’en fus embaumé, pour l’avoir
Caressée une fois, rien qu’une.
C’est l’esprit familier du lieu ;
Il juge, il préside, il inspire
Toutes choses dans son empire ;
Peut-être est-il fée, est-il Dieu ?
Quand mes yeux, vers ce chat que j’aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement

Charles BAUDELAIRE

Bon week-end !

Anne a dit…

Merci, Odile, de ce magnifique poème, et bon weekend à vous aussi.
Anne