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lundi 1 juin 2009

De vague et de granit

Lorsqu’un écrivain de talent publie un livre, c’est un cadeau qu’il offre à ses lecteurs qui apprennent la patience en attendant chaque nouvelle parution. Certains se font d’ailleurs beaucoup trop rares.

C’est le cas de Philippe Le Guillou, ce marcheur inspiré, ce héros secret de la Bretagne, ami de Julien Gracq dont il parle avec un émouvant respect dans son récit intitulé « Le dernier veilleur de Bretagne ». Dans un précédent ouvrage, « Le déjeuner des bords de Loire », Philippe Le Guillou relate quelques-unes de ses rencontres avec « Monsieur Gracq », ainsi qu’il avait choisi de le nommer. Le maître, l’orfèvre de la littérature qui ciselait ses textes imprégnant l’âme de leur beauté, de leur force et de leur poésie et savait élever un paysage au rang de personnage, avait reconnu un pair en Philippe Le Guillou.

J’ai découvert l’oeuvre de ce dernier en lisant « Les sept noms du peintre ». J’ai continué avec « Le donjon de Lonveigh », « Le passage de l’Aulne », « Après l’équinoxe », « La consolation » et les deux tomes des « Déambulations ». On ne rend sans doute pas à cet écrivain contemporain l’hommage qu’il mérite, mais cela ne doit guère l’inquiéter : quand le feu austère de la littérature dévore, on est bien peu avide de notoriété.

On éprouve toujours beaucoup de pudeur à exprimer ce qu’on ressent lorsque le bouleversement dépasse les mots et perdure après la lecture d’oeuvres d’une telle qualité, d’un tel élan, d’une telle tenue, à l’écriture resserrée, parfois fulgurante comme un trait de lumière, rassemblant dans son souffle une extraordinaire intensité de vie. C’est pourquoi je n’en dirai pas davantage. Les initiés savent. Je souhaite avoir donné à ceux qui ne connaissent pas encore Philippe Le Guillou le désir de découvrir ses textes.

6 commentaires:

D'Art en Arts a dit…

J'ai rencontré Philippe Le Guillou, il y a quelques années, dans ses fonctions d'inspecteur général...
Je suis ravie que vous évoquiez son oeuvre aujourd'hui !
Norma

Anne a dit…

Vous avez eu beaucoup de chance! J'imagine qu'il a su passionner son auditoire. Merci de votre commentaire.
Anne

D'Art en Arts a dit…

Ce n'était pas lors d'une conférence, mais lors d'une rencontre au ministère.
Il était effectivement extrêmement captivant.
Norma

Totirakapon a dit…

Je n'en avais entendu parler que professionnellement, mais je vais lire Le Guillou.
Quant à "Monsieur Gracq", effectivement, il s'agit du plus grand écrivain français du XX°...
A force de prêter "Le Rivage des Syrtes", sans qu'on me le rende, je dois en être au trentième achat...
Donner le goût de lire coûte parfois fort cher...

Anne a dit…

Merci, Totirakapon, de votre commentaire. Je partage votre avis en ce qui concerne Julien Gracq. J'ai aussi beaucoup aimé "Au château d'Argol" et "Un balcon en forêt".
Anne

Unknown a dit…

Bonjour Anne,
À ma prochaine visite à la bibliothèque, j'irai voir pour Philippe Le Guillou dont j'ignore tout sauf le contenu de ta chronique que je viens de lire.
J'ai vu dans leur catalogue qu'ils avaient trois ouvrages de lui.
J'ai découvert Julien Gracq grâce à Totirakapon. Je le connaissais seulement de nom. J'avais toujours cru qu'il appartenait à la famille des surréalistes dont je me suis toujours tenue loin.
Linda