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mardi 16 août 2011

Frivolités

Pourquoi, de temps en temps, ne pas céder au désir d'évoquer un objet de la vie quotidienne qui nous oblige souvent à choisir entre confort et élégance ? Je veux parler des chaussures. Sur son blog "Ma Venise", Maïté nous en montre un modèle artistique (les "pointes" de la danseuse) et Gwendoline, sur son blog "Gwendoline", réussit à nous prouver qu'il est possible de concilier charme et vie active.
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Une anecdote pour commencer ! Cet été, sur le vaporetto, j'aperçus une jeune fille accompagnée de sa mère. Habillées avec sobriété, elles portaient chacune, outre leur sac à main, un sac en papier glacé épais dont je repérai immédiatement la provenance, puisqu'il s'agissait d'un de mes magasins préférés à Venise, bien que je sache parfaitement que je n'aurai jamais les moyens d'en devenir cliente. Le fameux sac était rouge avec un dessin et des lettres dorées : une sandale à lanière en spirale surmontait le nom du créateur René Caovilla, dont j'admire le talent et dont je suis sûre que vous avez déjà regardé la boutique à Venise, derrière le musée Correr. Une tapisserie et une lampe ancienne ornent le mur de droite et, parfois, les chaussures sont présentées sur de charmants petits tabourets bas à piétement or et coussin de velours rouge.
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Voici de quoi vous donner une idée :


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Si vous le voulez bien, terminons cette publication avec des extraits d'un texte d'Italo Calvino :

"Si l'on veut se rendre bien compte de la façon dont est faite la chaussure, il sied que le regard porte à partir du niveau du sol : le motif de sa forme (cause et finalité) tient dans la nécessité de poser sur ce sol le talon et le bout et, en même temps, de s'en élever, de s'en détacher, de s'opposer à tout ce qui se trouve en bas de poussiéreux, de boueux, de chu ; il s'ensuit que la ligne élancée, la surface étincelante, la consistance légère sont pour elle des qualités non pas accessoires mais tout à fait essentielles. [...] Cela dit, nous pouvons par ailleurs nous livrer à l'admiration que mérite le talon : merveille de stablilité et de modulation de lignes, il élève au-dessus du sol un fût mince qui se dilate en montant et, en même temps, se penche vers l'arrière ; ses nervures divergent et se cabrent légèrement, avec la souplesse d'un palmier courbé par le vent et la gracilité du pied d'un calice qui soutient la coupe arrondie ou du bastingage à la poupe d'un haut navire. En surface, le talon, s'il est brillant, est étayé par les reflets verticaux qui en accentuent la hauteur ; intérieurement, par son tempérament impérieux et chatouilleux, prêt à fouler de tout son poids l'aire exiguë sur laquelle il se pose, mais avec la légèreté et la cruauté rapide et indifférente de l'aiguillon d'un insecte ou du bec d'un oiseau. [...] De là-bas, tout au bout, la chaussure regarde toujours vers le haut. Qu'espère-t-elle donc voir ? Point le dessus, mais le dessous: de l'Olympe céleste des déesses, les mystères qui apparaissent à la manière d'éclairs dans l'ombre d'un perspective retournée, le talon de Vénus, la malléole de Diane, le genou de Junon."

13 commentaires:

Maité a dit…

Je ne regarderai plus les chaussures avec le même regard...A presto !

Gine a dit…

J'adore les "belles" chaussures, même si j'en ai porté rarement ! Je n'avais pas les pieds pour ... La hauteur de mes talons a baissé avec les années. Jadmire donc ces petits bijoux dans les vitrines et parfois, sur une élégante. Moi je porte des chaussures super confortables, pas très excitantes, mais qui me permettent d'aller partout - ou presque !

Anne a dit…

Merci de votre visite, Maïté. Buona giornata!
Anne

Anne a dit…

"La hauteur de mes talons a baissé avec les années": je fais comme vous, Gine. Si j'adore les jolies chaussures et si j'en conserve une ou deux paires pour sortir, la plupart du temps, je sacrifie au confort et à la liberté de bouger. Il faut aussi avoir des jambes et des pieds parfaits pour porter dignement ces "petites merveilles" qu'on voit dans certaines boutiques de luxe. Il faut aussi pouvoir trouver les chaussures. Je me souviens, lorsque j'avais une vingtaine d'années, m'être ruinée(enfin presque) à Limoges pour l'achat d'une paire d'escarpins "Bally Suisse" très élégants et dans lesquels je pouvais marcher sans contrainte ni douleur aucune. Aujourd'hui, je ne trouverais même pas en Limousin de magasin vendant cette marque ou une autre équivalente.
Bonne journée!
Anne

Les Idées Heureuses a dit…

C'était une heureuse idée que de reprendre ce blog, ne serait ce que pour ces textes littéraires dont tu nous fais profiter, ainsi que de cette élégance que tu "dégotes" au bout de ton objectif.
Jusqu'au bout des pieds.
Belle semaine Anne.
Martine de sclos

ELFI a dit…

une paire de sandales pour l'été, des bottines entre saison et des bottes d'hiver,le tout sans talon.... voilà ma 'collection'..je me tords les chevilles rien que de regarder ces belles photos!

Anne a dit…

Merci, Martine. C'est grâce à toi que j'ai repris mon blog et je t'en remercie. Belle semaine à toi et à Alain!
Anne

Anne a dit…

Elfi, l'inspiration de ces chaussures est proche de la nature : les oiseaux, l'océan...
Bonne soirée!
Anne

beatrice De a dit…

Ben voilà pour en mettre plein la vue par les pieds pour danser le tango.

Sur le blog * les tricots.... *, j'avais publié la nouvelle acquisition en forme de chaussures pour accompagner mes nouvelles robes réalisées pour aller sur la croisière.
dans les milongas ( bals), il y a une dame qui nous propose des chaussures qu'elle fait réaliser en Argentine, avec une semelle velours spéciale. heureusement qu'il y a le chois entre 3 hauteurs du talon. Aussi le choix du mariage des couleurs de cuir.
Je ne peux plus grimper sur les échasses modes, proposées dans les magasins. Vraiment trop haut !

D'Art en Arts a dit…

Une passionnée des chaussures comme moi ne pouvait résister à celles-ci, bien qu'incompatibles avec mon budget...
En dépit des années, mes talons ne diminuent pas, mais j'adore également les baskets de couleur...
Amitiés, Anne !
Norma

Anne a dit…

Béatrice, les chaussures sur mesure sont un vrai luxe. Je vais aller voir les vôtres sur votre blog. A bientôt!
Anne

Anne a dit…

Norma, la vitrine de René Caovilla à Venise change chaque semaine et des modèles nouveaux de l'intérieur du magasin sont exposés. Alain a eu beaucoup de patience, car nous nous sommes arrêtés deux fois devant cette vitrine pendant notre séjour. Mais les chaussures lui ont plu.
Belle journée!
Anne

Marisol a dit…

Il y a les femmes qui aiment les chaussures et les autres. Ma sœur voyait toujours les chaussures des gens, je ne voyais que leurs yeux. Par contre ces objets aériens que vous avez photographiés sont de toute beauté, ils donnent semble-t-il des ailes aux jambes qu'ils habillent même si celles qui les portent doivent passer un brevet de haute voltige avant de les maîtriser avec élégance. Le texte est d'une grande sensualité.
Belle journée.