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lundi 25 mai 2009

L'hommage de l'eau

Permettez-moi de vous proposer de boire demain un verre d’eau en l’honneur de Vincent Voiture. Qui était-il et pourquoi cette suggestion ?

Vincent Voiture, écrivain et poète dont j’ai découvert avec un immense plaisir l’existence grâce à un livre de Jean d’Ormesson, naquit à Amiens vers 1597 et mourut à Paris le 26 mai 1648. Son père, riche négociant en vins, l’envoya au collège pendant que son frère cadet se destinait à reprendre la maison paternelle. Après le collège, Vincent Voiture étudia le droit à l’université d’Orléans tout en s’adonnant au jeu et au duel.

L’amabilité de son caractère ainsi que ses dons de littérateur et de courtisan lui permirent de s’attirer les faveurs et la protection de quelques grands de la Cour du roi Louis XIII, tel Gaston d’Orléans auquel il demeura fidèle. Il fréquenta l’hôtel de Rambouillet avec assiduité. Séducteur invétéré, on n’hésita pas à dire de lui : « Les femmes firent sa fortune et ruinèrent sa santé. »

Vincent Voiture écrivit de nombreux poèmes et épîtres en vers que nous pouvons lire aujourd’hui dans les deux tomes d’une édition suisse de ses oeuvres. En 1634, il figurait sur la liste des Académiciens français. Il remit à la mode le rondeau, comme il l’expliqua dans une lettre : « Je ne sais si vous savez ce que c’est que de rondeaux ; j’en ai fait depuis peu trois ou quatre, qui ont mis les beaux esprits en fantaisie d’en faire. »

Il voyagea et séjourna à Madrid, Londres, Bruxelles, Florence et Rome, où il fut élu membre de l’Académie des Humoristes fin 1638. Il obtint la charge de maître d’hôtel du roi en 1639.

Vincent Voiture était de petite taille et sa santé délicate ne l’autorisait à boire que de l’eau. Les lecteurs de ce blog comprendront donc aisément pourquoi je leur propose de se désaltérer demain d’un verre d’eau en hommage au poète : un geste banal peut devenir extraordinaire s’il est soutenu par une intention dédiée à une personnalité d’exception.

Voici quelques vers que Vincent Voiture écrivit afin de vanter les mérites d’un « buveur d’eau » :

« D’un buveur d’eau, comme avez débattu,
Le sang n’est pas de glace revêtu,
Mais si bouillant et si chaud au contraire,
Que chaque veine en eux est une artère
Pleine de sang, de force et de vertu.

Le feu par l’eau faiblement combattu,
Croissant sa force, au lieu d’être abattu,
Va redoublant la chaleur ordinaire
D’un buveur d’eau.

Toujours de preux le renom ils ont eu ;
Ils ont l’estoc bien ferme, et bien pointu ;
Chauds en amour, et plus chauds en colère :
Si que ferez fort bien de vous en taire,
Qu’un de ces jours vous ne soyez battu
D’un buveur d’eau.

Un buveur d’eau, pour aux dames complaire,
Suivant l’amour dont le seul feu l’éclaire,
Se voit toujours sobre, courtois et doux,
Et ne sauriez sitôt boire dix coups,
Qu’encor plutôt il ne le puisse faire.»

3 commentaires:

Totirakapon a dit…

Oui, mais de "l'eau ferrugineuse" !, comme dirait Bourvil.

D'Art en Arts a dit…

Les chats, ces grands buveurs d'eau, nous apprennent aussi que la sobriété est synonyme de courtoisie et de douceur...
Merci à vous et bonne soirée, Anne.
Norma

Unknown a dit…

Toutes ces manières m'ont rappelé un «délicieux» livre que j'ai lu, il y a un an ou deux : Les Adieux à la Reine de Chantal Thomas.

Linda