dimanche 14 novembre 2010

Commémoration de la guérison du "mal des Ardents" en Limousin



Le désir de guérir la population limousine du "mal des Ardents" fut à l'origine des premières Ostensions à Limoges en 994. De quoi s'agissait-il ?
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"En l'an 994, tomba sur les humains une peste de feu sy aspre et sy furieuse qu'elle brulloit les corps indistinctement, tant que tout estoit infect de maladie."
Annales manuscrites de Limoges
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"En ces temps, une pestilence de feu embrasa le Limousin. des corps innombrables d'hommes et de femmes étaient dévorés par un feu invisible, et partout la terre retentissait de plaintes. Donc Geoffroy, abbé de Saint-Martial, et l'évêque Hilduin, prenant conseil du duc d'Aquitaine Guillaume, prescrivirent un jeûne de trois jours en Limousin. Alors tous les évêques d'Aquitaine se réunirent à Limoges où furent apportés solennellement de partout des corps et des reliques de saints, et le corps de Saint Martial, patron de la Gaule, fut élevé de son sépulcre : tous furent remplis d'une immense liesse, toute maladie disparut partout."
Adémar de Chabannes, moine à l'abbaye Saint-Martial de Limoges (vers 989)
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Le "mal des Ardents", qui sévit en Limousin et dans une partie de l'Aquitaine au Moyen-Age, était la maladie de l'ergotisme gangréneux, due à la consommation de seigle contaminé par un champignon parasite, l'ergot de seigle (Claviceps purpurea). On le remarque sur un épi de seigle sous la forme d'un ergot de couleur violacée. Il était récolté et se retrouvait dans la composition de la farine et donc du pain. Les substances toxiques de ce champignon agissaient principalement sur les fibres musculaires, entraînaient un arrêt de la circulation sanguine qui favorisait la gangrène et le décès survenait au terme de l'intoxication.
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En 994, le 12 novembre, les reliques de Saint Martial, premier évêque de Limoges, patron et protecteur de la ville, furent sorties de son tombeau, transportées de l'abbaye Saint-Martial au Mont Jovis (colline dominant la ville) et exposées aux fidèles afin d'arrêter l'épidémie. Le corps de l'évêque regagna son tombeau le 4 décembre, lorsque l'épidémie fut terminée. Il y aurait eu, selon les chroniqueurs de l'époque, plus de sept mille guérisons.
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10 commentaires:

  1. Êtes-vous la seule limousine à commémorer ce 12 novembre, ou cela donne-t-il leiu à quelques manifestations, plus ou moins folkloriques ? En tout cas l'épisode historique, quoique fort ancien, est intéressant.

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  2. Oui, c'est très intéressant, Anne !
    C'était une horrible maladie et je comprends que l'on commémore ces guérisons spectaculaires...
    Bonne fin de journée.
    Norma

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  3. Michelaise, il existe une association qui organise les commémorations (je n'en fais pas partie, mais j'aime bien les traces du passé régional). Dans le magasin de porcelaine le plus réputé de Limoges, on peut se procurer, quelques jours auparavant, les petites bougies et les allumer le dimanche qui suit le 12 novembre. L'argent va à l'association qui s'occupe de faire restaurer de petits autels muraux du centre ville (un peu comme ceux qu'on peut voir en Italie, mais beaucoup plus modestes). Il y a aussi, parfois, des rencontres littéraires avec des écrivains régionaux. Mais il faisait tellement mauvais temps ce weekend que nous ne sommes pas allés à Limoges. Quant aux Ostensions, elles ont lieu tous les sept ans (les prochaines sont prévues pour 2016).
    Bon dimanche et merci de votre passage sur mon blog!
    Anne

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  4. Oui, Norma, et au Moyen-Age, comme on ne connaissait pas la cause de cette maladie, les médecins ne pouvaient pas la guérir avec les moyens habituels de l'époque qui restaient assez limités. Je n'ai pas mis toutes les descriptions des symptômes que j'avais sur ma documentation car c'était trop affreux. Il s'agit d'une page d'histoire de ma région que je désirais faire connaître.
    Bon dimanche à vous et que la semaine qui arrive vous soit agréable!
    Anne

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  5. Je sais que l'on ne doit pas donner du seigle aux enfants...ils ne le digèrent pas bien.
    Ces histoires sont toujours intéressantes.
    Je rentre de chez Camille où j'ai découvert votre gentille carte. Merci Anne, Camille est toujours très heureuse de recevoir du courrier.
    Belle semaine.

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  6. Merci à vous, Evelyne. J'espère que vous avez passé un bon weekend et je vous souhaite une bonne semaine prochaine.
    Anne

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  7. Merci Anne pour cette trace de votre passé régional, c'est vraiment très intéressant. Ces champignons ont décidément contribué à écrire de nombreuses pages de l'histoire...
    Bonne semaine.

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  8. L'Histoire est parsemée de drames et de catastrophes. L'être humain est fort pour avoir traversé tout ça. On dit que la foi déplace des montagnes. Peut-être que la foi donne tous les courages. Qu'importe notre opinion sur le sujet, on ne peut qu'être soulagé pour ces gens d'avoir vu la fin de leur enfer après tant de souffrances.

    Linda

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  9. Merci à vous de votre gentillesse et de votre fidélité, Astheval. Je vous souhaite également une très bonne semaine.
    Anne

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  10. Merci de votre commentaire, Linda, et bonne semaine à vous.
    Anne

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